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Lettre de Noël
Sunday, 18. April 2021 12:47
Auteur : Dr. med. vet. Christiane Haupt
[Bitte nach Français übersetzen:] Frohe Feiertage!

Bonnes fêtes à vous! © DGfM

 

Chers amis des martinets,

 

La saison 2022 a commencé en grand. Notre premier nouveau patient – de nombreux oiseaux en attente d’une rénovation du plumage et provenant d’autres centres de soins ont été accueillis durant la saison d’hiver – fut un solide martinet alpin que nous baptisâmes Yair. Originaire d’Emmendingen, il nous fut remis le 7 mai 2022. Certes, les amoureux des oiseaux que nous sommes se réjouissent de l’extension vers le nord de l’aire de répartition des alpins, mais elle nous remplit également d’inquiétude. Si déjà les martinets noirs, lors des travaux de rénovation des bâtiments, sont traités sans aucun ménagement et au mépris total de la loi, si la raréfaction des sites de nidification constitue pour eux un problème majeur, qu’en sera-t-il de leur imposant cousin ? Où trouvera-t-il un endroit où nicher ? Cette saison, le nombre de martinets adultes blessés lors de combats acharnés pour la possession d’un site de nidification a été plus élevé que jamais. Dans nos villes devenues si hostiles au monde vivant, ces pauvres bêtes se battent avec l’énergie du désespoir afin d’occuper l’un des rares endroits où elles peuvent encore nicher. Celles qui y parviennent doivent défendre en permanence leur site contre leurs congénères qui sont à la recherche d’un nid ou qui ont perdu le leur. C’est une bataille semblable qui a valu à l’alpin Yair de se retrouver au sol avec plusieurs rémiges en charpie. Heureusement pour lui, ses plumes ont été remplacées lors d’une opération appelée « enture », méthode héritée des fauconniers consistant dans la greffe de plumes. Le 12 mai, Yair a retrouvé la liberté, non sans avoir déclenché une vague de panique parmi les martinets noirs de Francfort.

Quant à l’adulte Picasso, il a été confronté à un problème d’un tout autre genre. Nous ne saurons jamais ce qui lui est arrivé. Toujours est-il qu’il était recouvert de la tête aux pieds de peinture acrylique blanche. Quoi faire face à un tel désastre ? Hors de question d’utiliser un solvant classique, cela l’aurait tué. Par chance, la peinture sèche put être enlevée manuellement sur la tête et le corps. En revanche, les rémiges et les rectrices étaient irrécupérables. Seule une greffe de grande envergure - pas moins de vingt-huit plumes prélevées sur un congénère décédé - permit à Picasso d’échapper à la mort. Il retrouva le chemin des airs le 11 juin, avec un plumage saupoudré de blanc. Une touche d’originalité qui lui vaudrait certainement un franc succès auprès des dames martinets, disions-nous en riant. L’envie de rire nous passa bien vite lorsque la canicule fit son apparition, nous noyant sous un flot de bébés martinets en détresse. Arrivé le 15 juin, le jeune Azriel fut le premier d’une très longue liste : chauffés à blanc par des températures de folie, les nids, situés sous les toits, deviennent alors des pièges mortels pour les oisillons sans défense. À peine âgés de 10-12 jours, ils tentent d’y échapper en sautant dans le vide. Des milliers et des milliers d’entre eux succombent à leur chute. Ces hécatombes eurent lieu partout en Europe. Les oiseaux qui nichent dans les bâtiments paient un très lourd tribut au réchauffement climatique. Nous avons fait de notre mieux pour en sauver le plus possible. Beaucoup d’entre eux arrivèrent blessés. Les pattes cassées furent opérées à la chaîne, nuit après nuit ; l’une après l’autre, les fractures furent réduites. Nos bacs étaient remplis de bébés toujours affamés, qui allaient et venaient en boitillant, sans se laisser abattre. Au moins, ils allaient vivre!

Notre 15000ème oiseau passa complètement inaperçu. Nous avons réalisé plusieurs semaines après que la coquette petite Jenna, qui nous avait été confiée le 20 juin avec vingt-quatre autres camarades, était cet oiseau si spécial! Pas le temps, toutefois, de sabrer le champagne, mais la joie de voir partir Jenna le 31 juillet dans un magnifique envol! À partir de la troisième semaine de juillet, nous avons relâché une dizaine de martinets quotidiennement. Nos bébés étaient devenus de superbes juvéniles. Du moins la plupart d’entre eux, car la chaleur avait endommagé le plumage de beaucoup d’oiseaux, comme le fait un régime alimentaire inadapté. Ces malchanceux devront patienter longtemps avant d’avoir leur greffe de plumes. Ces opérations demandent en effet beaucoup de temps et avec plus de deux cents pensionnaires, il n’y a qu’un seul mot d’ordre: nourrir, nourrir et nourrir encore.

La reprise d’un ancien martinet, bien vivant et exempt de blessures, constitue un véritable événement. Cela s’est produit le 7 juin, avec l’arrivée de Samson. Cet oiseau nous a été apporté par la police après avoir été découvert dans un grenier de Francfort Westend. Nous ne fûmes pas longs à voir qu’il portait une bague. Après l’avoir dûment nourri, nous commençâmes à chercher fiévreusement dans nos registres. Soudain, son nom apparut! Samson nous avait été confié le 21 juin 2020, alors qu’il était âgé de quatre semaines. Il avait été relâché le 5 juillet de la même année. Deux ans plus tard, ce martinet, devenu un splendide oiseau adulte, était de retour chez nous! Mais amaigri, assoiffé, car il avait passé plusieurs jours dans le grenier. Il ne tarda pas à reprendre du poids, et le 12 juillet, il retrouva la liberté pour la seconde fois.

Le gros de la saison prit fin assez brutalement. Comme si, après cet été de cauchemar, les martinets voulaient rejoindre au plus vite leurs quartiers d’hiver. Nous pensons d’ailleurs qu’une grande partie d’entre eux ont perdu leur nichée lors des différents épisodes de canicule et qu’ils n’avaient donc plus de raisons de s’attarder dans nos contrées. Le dernier martinet trouvé à l’extérieur fut le juvénile Geronimo. Il arriva le 17 septembre, dans un état d’extrême maigreur. Animé d’une force et d’une volonté de vivre incroyable, il se remit rapidement, retrouva bien vite un poids normal et effectua d’admirables cercles dans la salle de rééducation pour renforcer sa musculature. Plus personne ne voulait l’entraîner, car les bénévoles finissaient tous par avoir le tournis. En outre, ils avaient toutes les peines du monde à l’attraper. Il fut relâché le 5 octobre, par une belle et chaude journée d’automne, en compagnie de Darko, un martinet adulte, et de quatre juvéniles. Ce fut le dernier départ depuis Francfort.

Peu de temps après, la saison des transferts commença et le 28 octobre, un premier groupe d’oiseaux fraîchement greffés fut emmené vers le sud. Parmi les seize oiseaux, dont quatorze juvéniles de cette année, figuraient Philip et Georg, deux martinets de la saison 2021.

Tandis que près de cent vingt pensionnaires occupent nos locaux, d’innombrables martinets attendent leur transfert vers Francfort dans différents centres de soins. Ce transfert constitue leur seule chance de survie. Savoir que nous ne pourrons pas tous les sauver, tant s’en faut, entame profondément notre moral. C’est que nos capacités d’accueil sont presque dépassées en permanence. Nous en accueillons autant que possible, comme ces martinets français – trois alpins et quatre noirs. Parmi eux, le jeune Banshee, dont les rémiges avaient été sciemment coupées et ce, de chaque côté. Il reçut six nouvelles plumes et gagna son billet pour Fuerteventura après une seule séance de rééducation. Idem pour Lisimba, un retardataire comme Geronimo. Il arriva chez nous le 23 novembre en provenance d’un centre de soins de Berchtesgaden, où il avait mis plusieurs semaines pour se remettre. Le 28 novembre, rempli d’impatience, il prit le chemin de la liberté avec quinze congénères.

Un martinet très spécial est arrivé chez nous après bien des détours: Ariol, un jeune oiseau au tempérament doux, un peu mélancolique. Il vient de Kiev, en Ukraine. Sa découvreuse, une jeune Ukrainienne, s’est imposé d’énormes privations, malgré la guerre, malgré les difficultés quotidiennes, pour amener Ariol jusqu’au centre de soins de Bucarest, en Roumanie. Nous amis roumains nous l’ont apporté, avec leurs quatre derniers pensionnaires. Le petit réfugié ukrainien s’est lié d’amitié avec l’effronté, l’impertinent Anshel, un juvénile originaire de Lünen. Nos deux bourreaux des cœurs sont passés maîtres dans l’art de grappiller quelques grillons supplémentaires et d’enjôler nos bénévoles.

Tout récemment, deux martinets en provenance du centre de soins de Dresde nous ont été confiés, ce qui porte le nombre d’oiseaux accueillis en 2022 à 717 (711 martinets noirs et 6 martinets alpins). Et l’année n’est pas finie! 2022 fut une année contrastée, alternant les événements tristes, les événements joyeux, et marquée par les soucis, le surmenage, les angoisses quant à l’avenir. L’espoir demeure malgré tout. Puissent nos martinets l’emporter avec eux sur leurs ailes chatoyantes!

À vous-mêmes, à tous ceux que vous aimez, nous souhaitons de belles fêtes, une fin d’année sereine, et plein de bonnes choses pour 2023, la santé, la confiance en l’avenir...Mis en musique par les « ssrrii-sssrii » enjoués de nos amis à plumes, nos meilleurs vœux vous accompagnent, ainsi que nos plus vifs remerciements pour votre aide et votre soutien durant l’année écoulée. Si vous pouvez, continuez à nous soutenir, afin que nous puissions aider le plus grand nombre de martinets possible.

 

Dr Christiane Haupt, les membres du conseil d’administration de la société de sauvegarde du martinet et l’équipe de la clinique

 

 

 

 

Buchenstraße 9
D-65933 Frankfurt

Tel.:+49(69)35 35 15 04
Nous ne prenons en charge que les martinets! Pour les autres espèces, veuillez vous adresser aux centres de soins des différentes régions:
http://ufcs.fr/
 
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