Nous avons été informés du drame qui s’est joué dans une rue de Sarrebruck le 12 mai dernier, mais pour les martinets qui y vivent, tout a basculé quelques jours plus tôt, lorsqu’un échafaudage a été installé sur la façade d’un immeuble de plusieurs étages, condamnant ainsi les sites de nidification qui s’y trouvaient. La vidéo tournée par un riverain montre de manière indiscutable les tentatives désespérées de martinets adultes pour rejoindre leurs couvées emprisonnées derrière l’échafaudage.
Et il n’est pas exclu que des adultes en train de couver aient été emprisonnés eux-aussi ; pour ceux qui effectuent des vols rasants autour de l’échafaudage, le risque d’accident est très élevé. Quant aux œufs et aux petites vies qu’ils abritaient, ce fut une condamnation à mort, due à la faillite totale des autorités compétentes; on peut estimer le nombre de couvées entre huit à dix, ce qui fait un total de vingt-quatre à trente embryons anéantis. Si les autorités ne songèrent pas à intervenir immédiatement, elles n’eurent de cesse de reporter toute action, avant d’abandonner totalement l’affaire, jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Elles se sont donc rendues complices par omission!
En référence à Loi fédérale de protection de la nature § 44 paragraphe 1 et à la Loi fédérale de protection des animaux § 1, l’association Apus ® et la Société allemande de sauvetage des martinets, toutes deux reconnues d’utilité publique, sont passées à l’action dès réception de la vidéo du 12 mai 2025. Nous avons conjointement fait parvenir les informations dont nous disposions, tout en exigeant une intervention immédiate, à savoir le démontage de l’échafaudage et l’arrêt des travaux, à l’ensemble des autorités compétentes, notamment au ministère de l’environnement, à l’office fédéral de l’environnement et de la protection des travailleurs, à la police nationale et locale. Nous n’avons reçu aucune réponse ou des réponses évasives. Après que le 14 mai, le toit ait été enlevé dans sa totalité et en toute hâte, créant ainsi un fait accompli, plus aucune réponse ne nous est parvenue. Apparemment, on laisse pourrir l’affaire.
Nous avons donc porté plainte immédiatement.
La presse s’en est mêlée et a relayé les faits. Ceux qui lisent l’allemand pourront consulter les liens ci-dessous:
Une pétition en ligne a également été lancée: chng.it/JB87w9YySD
Fort de ses 500 000 followers sur Facebook, Mark Benecke, le célèbre médecin et biologiste pour la police scientifique, s’est à son tour emparé de l’affaire.
Le parquet de Saarebruck a déclaré à la presse qu’il n’y avait pas de délit, juste une infraction. L’autorité chargée du recouvrement des amendes serait l’office fédéral de l’environnement et de la protection des travailleurs (!). L’autorité mise en cause va donc se punir elle-même?
La destruction d’une colonie d’oiseaux nicheurs ne serait donc qu’une infraction ? Et le dérangement, les nuisances et les blessures encourues par des oiseaux strictement protégés, des infractions également ? L’anéantissement d’innombrables embryons serait… juste une infraction?
Tout semble indiquer que nous vivons en Absurdistan. Les travaux, à Sarrebruck, continuent de plus belle. Et le riverain auteur de la vidéo est harcelé et menacé ! Des martinets essaient toujours désespérément d’accéder à leurs nids, où les couvées ont péri depuis longtemps. Quant à l’office fédéral de l’environnement et de la protection des travailleurs, il est muré dans son silence. Et bien sûr, les grands perdants de l’histoire, ce sont les martinets.
Ce mépris total et éhonté des lois en vigueur nous laisse sans voix. Si ce cas fait école, la protection des espèces sera vidée de son sens et il marquera le triomphe de la loi du plus fort. Toutes nos félicitations au land de la Sarre…
Mailadressen des LUA:
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