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Opération Tempête du désert
Wednesday, 01. November 2017 19:50
Auteur : Dr. med. vet. Christiane Haupt
[Bitte nach Français übersetzen:] Montana de Tindaya

La Montana de Tindaya au coucher de soleil. Cher et inoubliable Jo, tu as été une fois de plus un parfait ange gardien pour nos protégés. © C. Haupt

Hunger!

Les martinets attendent le repas suivant. © C. Haupt

Ambrose, Dali & Caitlin

Ambrose, Dali et Caitlin – le monde nous appartient! © C. Haupt

Amparo

Sérieux et concentré: voilà Amparo! © C. Haupt

Spirit

Spirit, pas tout à fait de notre monde... © C. Haupt

Gregory

Petit et impertinent: c’est tout Gregory! © C. Haupt

Konradin

Laiiissse….moiiii, semble dire Konradin. © C. Haupt

Sigrid

Une vraie beauté et de la pure dynamite: la Roumaine Sigrid! © C. Haupt

Maliki

Maliki est originaire de Mondsee, en Autriche. Dans la salle de rééducation, notre plus grande pourvoyeuse de nourriture a tellement voulu monter haut qu’elle s’est cognée contre le plafond. Heureusement, les plumes repoussent! © C. Haupt

Ginevra

Ginevra, jetée du toit comme une ordure… Aujourd’hui, elle s’est élevée dans le ciel comme Phénix a su renaître de ses cendres. © C. Haupt


Au pas de course, je prépare mes affaires et le matériel, je fourre ça dans la valise, je vais chercher le sac de transport des oiseaux (à côté d’un transfert de martinets, un week-end en famille avec douze enfants, c'est de la rigolade !), lorsque je reçois un message d’Andrea: « Le vent du désert a commencé à souffler. Je ne sais pas si nous pourrons relâcher tes martinets. Le mieux, ce serait que tu remettes ton voyage à lundi… ». Je me disais bien que le passage brutal de 23°C à 37°C devait être dû au fameux calima, mais il est une heure du matin, et dans deux heures, je dois être à l’aéroport. Annuler? Impossible. « Les gars, vous êtes des Africains », dis-je entre mes dents tout en réveillant les quinze candidats au départ à la lueur fantomatique de ma lampe frontale, avant de les déposer dans le sac de transport. « C’est parti! Le calima nous attend! » Vives protestations. Non pas contre l’Afrique et le vent du désert, mais contre le fait de se faire réveiller à une heure indue et de se retrouver serrés comme des sardines avec des congénères devenus soudain des gêneurs. Je sens que ça ne va pas être triste! Je sors le sac en grognant, et leurs cris stridents retentissent dans la cage d’escaliers. Une fois dans la voiture, où règne l’obscurité, ils finissent par se calmer et par trouver une petite place à leur convenance. De temps un autre, monte un cri de protestation depuis la caisse, quand l’un d’eux marche sur l’aile d’un camarade. C’est sûr que le cahier des doléances va être plein, à la fin du voyage!

Pendant les quatre heures et demie de vol, nos futurs conquérants du ciel semblent avoir enfin accepté leur sort et se tiennent tranquilles. Je tente de somnoler pour rattraper les deux nuits blanches que je viens de passer. L’atterrissage approche. Peu avant que l’avion ne touche le sol, le calima l’assaille violemment sur l’un des côtés. L’avion reprend un peu de vitesse, décrit une large boucle avant de se poser sans heurt sur l’aéroport de Fuerteventura. Dehors, c’est une vraie touffeur et il n’est que neuf heures du matin ! À grand-peine, je transporte les oiseaux, la valise, les bagages à main et autres plaisirs du genre jusqu’à la voiture de location, puis je me mets en route pour Tindaya. Je retrouve Andrea et Pancho pour récupérer mes affaires, car les appartements de la Finca sont occupés. Je logerai donc à El Cotillo. Le calima souffle si fort que j’ai le plus grand mal à ouvrir la portière de la voiture. « Ça va être comme ça toute la journée ? ». J’essaie de me faire entendre malgré les rafales, et je me demande avec inquiétude comment nous allons faire pour relâcher les oiseaux. D’après Andrea, le vent doit se calmer en fin d’après-midi. Il nous faut un plan B: ce sera un relâcher en soirée! Nous nous donnons rendez-vous le lendemain à 17 heures sur le site de relâcher.

Je rejoins ma maison à El Cotillo, je rentre tout le matériel, j’installe les caisses et je libère enfin mes pauvres prisonniers. Sans délai, je leur donne leur premier repas. Il fait une chaleur terrible, la transpiration coule dans mon dos. Mes compagnons ailés, qui ont probablement le climat du désert inscrit dans les gènes, ne semblent pas perturbés le moins du monde. En revanche, moi qui descends des Vikings, je serais plus à mon affaire dans les déserts de glace. Tandis que les martinets s’ébrouent voluptueusement et entament un nettoyage minutieux, ma capacité de résistance est mise à rude épreuve. En effet, l’air du soir est à peine plus frais que celui de la journée et je dois supporter les quelque 30°C nocturnes. Les vaillants petits soldats restés à Francfort m’apprennent par SMS que deux nouveaux martinets sont arrivés, un petit Corse baptisé Napoleone et un Autrichien d’Innsbruck qui n’a pas encore de nom. Je réponds par SMS avec mes doigts collants: « Appelez-le calima … ».

Le lendemain, mon besoin de douches froides et de boissons glacées est proportionnel à l’impatience des martinets, qui ne tiennent plus en place! Je leur donne quatre copieux repas, puis nous partons en direction du site de relâcher. Andrea et Pancho y sont déjà. Et comme l’avait dit Andrea, la tempête n’est plus qu’un petit vent doux. Les oiseaux vont partir dans d’excellentes conditions.

Nous sommes parfaitement rôdés et prenons position sans perdre de temps. Chacun a la liste des candidats au départ : quinze noms qui symbolisent quinze histoires émouvantes. Je lève mes deux mains ; dans l’une, je tiens Caitlin , originaire de Darmstadt et rapide comme une flèche, dans l’autre, Amparo, qui vient de Duisburg, un oiseau petit, foncé et jamais de très bonne humeur. Ils partent à toute allure et se retrouvent juste au-dessus de nous. C’est un bon début! Vient le tour de Spirit, originaire d’Heidelberg; la pauvre créature aux allures de fantôme s’est muée en bel oiseau tout en vivacité. Originaire de Nuremberg, le sympathique et joyeux Dali s’élève dans les airs en poussant des cris de joie. Le candidat suivant est son ami Ambrose, un oiseau flegmatique et dodu qui vient du refuge pour animaux de Mayence. Au moment de prendre son envol, Ambrose n’a plus rien de flegmatique ! Le délicat Gregory, lui aussi originaire de Duisburg, s’élève dans les airs telle une petite fusée noire, prouvant une nouvelle fois qu’il n’est pas nécessaire d’être de grande taille pour être un excellent athlète. Originaire d’Essen, Konradin a fait preuve ces dernières semaines d’un courage et d’une ténacité extrêmes pour gagner sa liberté. À son arrivée, il présentait de graves difficultés motrices, et nous n’avions guère d’espoir. Durant les séances de rééducation, il donnait tout et dans sa caisse, il était toujours en mouvement. Que puis-je ajouter ? Il a réussi ! Les innombrables cercles qu’il a effectués dans la salle de rééducation, et dont la qualité s’est améliorée jusqu’à la perfection, lui ont valu son billet d’avion pour Fuerteventura. Et aujourd’hui, pour la liberté!

Le second groupe est emmené par un tandem de pilotes exceptionnels: l’intrépide Sigrid, une Roumaine arrivée avec vingt-huit camarades et deux bons amis à nous, et la belle Autrichienne Maliki (jusqu’à présent le seul martinet qui nous ait offert 2,7 kg de biscuits et deux bouteilles de rosé…oh s’il vous plaît, ENCORE des Autrichiens!). Toutes deux ont livré une extraordinaire séquence de voltiges aériennes. J’en suis encore toute étourdie. Ginevra, quant à elle, est un oiseau craintif qui porte les traces d’un grave traumatisme. Originaires d’Oberursel, ses frères et sœurs et elle n’étaient encore que de tout petits oisillons, lorsque, dans le cadre de travaux de toiture, leur nid fut jeté du toit sans ménagement et atterrit dans un jardin, où les pauvres bêtes furent laissées à leur triste sort. Elles durent attendre deux jours avant d’être découvertes. Son frère Artus a déjà repris le chemin de la liberté, mais Ginevra a mis du temps à panser ses blessures. Quand j’ai vu partir cet oiseau solide et éclatant de santé, les larmes me sont montées aux yeux. Idem pour Elias, l’une des nombreuses victimes des fils et ficelles utilisés pour garnir les nids et qui peuvent se révéler fatals. Originaire de Hanau, ce courageux petit oiseau s’était empêtré dans des fils et il fut sauvé in extremis. Néanmoins, il dut être amputé de la patte droite, car les fils avaient formé un garrot serré. Elias tourne et tourne au-dessus de moi, et cela m’apparaît comme un incomparable geste de gratitude. La douce et fantasque Tessa, originaire de Francfort-Schwanheim, a longtemps attendu ce moment et plus d’une fois, elle nous a donné du fil à retordre avec ses nombreuses tentatives d’évasion. Maintenant que je la vois filer au-dessus de la crête, j’oublie tous ses vilains tours, car je la sais heureuse. Originaire de Francfort-Sachsenhausen, Feivel, petit oiseau coquin et impertinent, s’est lui aussi battu comme un lion et son tempérament de feu lui a permis de conquérir sa place parmi les candidats au départ. Et aujourd’hui, le ciel infini de Fuerteventura!
Le relâcher prend fin avec deux martinets tout en solidité, Aurelius, originaire de Nidderau, le dernier de nos empereurs romains, et le beau Kennedy, originaire de Berlin (« I’am a Berliner!), dont les rémiges avaient été endommagées par du ruban adhésif. Ils s’élancent en même temps, l’un part à droite, l’autre à gauche, puis ils se rejoignent, formant ainsi un cœur, avant de s’élever ensemble dans les airs: un magnifique spectacle juste en face de la vénérable Montana de Tindaya!

Et voilà, ils sont partis. Direction l’est – vers l’Afrique! Aucun d’eux n’aura à souffrir du calima. Je suis sonnée. Tout est allé si vite! L’opération Tempête du désert est réussie. Andrea vient vers moi en me disant: « C’est fini? ». Nous tombons dans les bras l’une de l’autre en riant. Pancho nous rejoint en faisant de grands gestes et il nous décrit la trajectoire de Feivel, que j’avais perdue lorsqu’il s’était dirigé vers la vallée. Ce moment de retrouvailles ressemble aux autres, mais il est encore plus beau, et comme d’habitude, nous avons oublié le rosé. Avec cette chaleur, c’est peut-être mieux ainsi. Nous sommes d’avis que ce relâcher a été l’un des plus beaux que nous ayons jamais effectués. Pendant un petit moment encore, nous discutons, nous rêvons, nous nous exaltons. Puis nous nous disons au revoir, le cœur léger, car bientôt, très bientôt, nous allons nous retrouver. Avec les quinze prochains super-pilotes!

Hasta pronto!

Buchenstraße 9
D-65933 Frankfurt

Tel.:+49(69)35 35 15 04
Nous ne prenons en charge que les martinets! Pour les autres espèces, veuillez vous adresser aux centres de soins des différentes régions:
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