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Lettre de Noël 2023 de la société allemande des martinets
Sunday, 24. December 2023 01:20
Auteur : Dr. med. vet. Christiane Haupt

Erholsame Feiertage! © E. Brendel

Chers amis des martinets,

 

L’hiver est arrivé comme ça, d’un coup. Un hiver qui fait suite à une saison martinets compliquée et interminable, puisqu’à l’heure actuelle, nous avons encore plus de cent pensionnaires. Un hiver, dont les drames qui se nouent dans des contrées lointaines jettent leur ombre jusque sur notre clinique: une courageuse Ukrainienne avait récupéré trois martinets noirs et voulait nous les apporter, mais il y a longtemps maintenant que nous sommes sans nouvelles… Ariol, qui est arrivé de Kiev l’année dernière, a donc eu beaucoup de chance. Bien au chaud, rassasié et en sécurité, il partage sa caisse avec son ami Anshel; il a presque terminé sa mue et attend sa greffe de plumes. Fin novembre – le 27, précisément -, nous recevons un appel de Russie provenant d’une femme engagée dans la cause des martinets: elle vient d’en recevoir un nouveau ! Notre aide ne peut consister autrement que dans des conseils. Folie d’un monde qui semble dérailler de plus en plus. Nous en ressentons les effets. Les conditions de vie des martinets se dégradent à la vitesse grand V. Ils sont de plus en plus nombreux à arriver chez nous. En 2023, ils ont été 860 à franchir notre porte, un record absolu. Les premiers sont arrivés dès le mois de janvier et les derniers, en décembre, avec des lésions du plumage. Pour ces oiseaux, leur seul espoir de liberté réside dans les centres de soins. À la fin de l’automne, une Italienne a effectué dix-sept heures de voyage en bus depuis les environs de Rome pour nous amener Taddeo, vaillant petit soldat affligé d’un plumage catastrophique et d’un gros bec. Ces huit cent soixante destins sont tissés à nos vies, ce sont huit cent soixante histoires bouleversantes, belles, tristes, drôles, tragiques, désespérées et magnifiques, ce sont des histoires de courage et de liberté, de combat, de défaite et d’adieu. Des histoires que nous allons, pour certaines d’entre elles, partager avec vous. Originaire de Haiger (dans la Hesse), l’adulte Jyoti nous a laissé un souvenir inoubliable. Ce martinet est pris en chasse par un épervier au-dessus d’une zone piétonne et poursuivi jusque dans un magasin, où l’épervier le saisit et commence à lui arracher des plumes. Un ami des martinets intervient courageusement, sépare les deux belligérants, relâche l’épervier à l’extérieur de la boutique et nous apporte le malheureux Jyoti, couvert de sang et paralysé de peur. Son regard empli d’effroi trahit la crainte de mourir et la souffrance; il est grièvement blessé et en état de choc, pourtant, on sent chez lui une force vitale incroyable. Plusieurs semaines passent, Jyoti guérit physiquement et psychologiquement. Il commence à faire du raffut dans sa caisse. Je veux voler! Laissez-moi sortir! Laissez-moi partir! Nous avons encore des doutes: il peut voler, mais il y a une partie de son flanc où les plumes n’ont pas repoussé. Le froid, à haute altitude, ne va-t-il pas l’éprouver? Ne peut-il pas prendre un coup de soleil juste à cet endroit? Attendre n’est pas une bonne idée. Tout problème inédit exige de la créativité. Après de longues réflexions et recherches, nous nous procurons du maquillage permanent doté d’un indice élevé de protection solaire. Mon domaine d’activité au sein de la médecine vétérinaire englobe aussi la cosmétique: Jyoti est « maquillé », la zone dénudée de son flanc, recouverte. Il trouve les séances de maquillage bizarres et pas très amusantes. Toutefois, le résultat le réconcilie avec les produits de beauté, et c’est en poussant des cris de joie qu’il s’envole vers le ciel et disparaît, caché par le soleil, au milieu d’un groupe de congénères.

 

Les caisses de soins intensifs se remplissent de martinets qui ont pris leur nom au sens trop littéral (en allemand: Mauersegler – Mauer: murs) et ont volé trop près des murs: originaire de Mönchengladbach (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), Zenobia est entrée de plein fouet dans un mur; elle s’en tire seulement avec un grave traumatisme crânien et par chance, tombe sur un découvreur qui part pour Francfort le jour même. Ce qui s’appelle faire d’une pierre deux coups! Antonin, Kalidas et Avalon ont quant à eux subi le même genre d’accident, mais ils présentent de multiples fractures au niveau du bec et du palais. Il s’agit de blessures graves, très douloureuses et longues à guérir. L’administration de puissants antalgiques est indispensable. Les deux premiers jours, ces patients sont nourris uniquement par injections. Ensuite, oiseaux et humains doivent mettre en œuvre des techniques d’absorption et de nourrissage longues et délicates. Patience, doigté et expérience sont indispensables pour faire avaler à ces pilotes malheureux un petit grillon après l’autre.

 

Originaire de Mayence, Naussica nous est confiée, car elle présente « un peu de sang sur le bec ». L’examen montre une coupure qui va d’une oreille à l’autre en passant par la gorge. Il faut opérer sur le champ. La plaie est nettoyée, suturée, un antidouleur est administré par injection. Naussica n’est pas gênée par sa grande cicatrice, mais elle ne veut quand même pas la montrer à notre photographe. Avec de grands yeux innocents, elle fixe l’objectif, donnant l’impression qu’elle est la patiente la plus facile de l’année. Or il n’en est rien, car elle cherche toujours la moindre occasion pour s’échapper. C’est pénible! Tout le monde se réjouit, deux semaines plus tard, de la voir enfin inscrite sur la liste des candidats au départ.

 

Victoire, quant à elle, semble posséder le don de la prestidigitation. L’importante inflammation qu’elle présente au pied requiert l’application de pansements enduits de pommade. Victoire est offusquée. C’est quoi, ce gros pied! Qu’est-ce que ça veut dire? Enlevez-moi ça! Victoire développe une remarquable adresse pour défaire ses pansements et ce, de plus en plus rapidement. J’en prends des suées. Sa façon de poser négligemment dans sa caisse le pansement que je m’étais ingéniée à lui faire a quelque chose de provocant. La voici qui se retire vexée dans le coin de sa caisse le plus éloigné. Et qui commence à tirer sur le pansement…Qui va gagner? Pendant ce temps, son pied a la bonne idée de guérir. Victoire possède quelques compétences de plus, moi, quelques boîtes de pansements en moins, et c’est ainsi que, soulagée, je rends la liberté à la reine du désemmaillotage.

 

C’est fou le nombre de martinets qui arrivent avec des marques importantes de combat sur les cuisses et les flancs. Jericho est l’un d’eux. Cela montre d’une manière inquiétante combien les luttes pour les sites de nidification sont devenues violentes ; même un couple de retour en temps et heure dans son site habituel n’est pas forcément épargné par de telles empoignades. Tout martinet porteur de traces de combat se voit administrer un traitement antibiotique. Nombre d’entre eux, profondément traumatisés par ce qu’ils viennent de vivre, se tiennent prostrés dans leur caisse et mettent du temps avant de s’intéresser à la vie autour d’eux. Ces oiseaux sont hébergés dans des « une pièce », car on peut imaginer que beaucoup d’entre eux sont des oiseaux nicheurs qui ont un partenaire fixe.

 

Avec eux, nous espérons que leur partenaire n’aura pas cherché un nouveau compagnon durant leur absence. Non seulement cela serait triste, mais ce nouvel état de fait occasionnerait de nouvelles bagarres lorsque le partenaire attitré reviendrait sur les lieux. Le temps passe et nous voici en juin. Tandis que les adultes blessés continuent d’affluer, que ce soit à la suite d’accidents, d’attaques par un rapace ou d’une entrée intempestive dans des combles ou autres lors de la recherche d’un site de nidification avec l’impossibilité de retrouver la sortie et l’état d’extrême maigreur qui s’ensuit, le premier bébé de la saison nous est signalé via Facebook et par téléphone. Vite, il faut trouver un récupérateur motivé! C’est le branle-bas de combat! Deux « sauveteurs » expérimentés se portent volontaires et reviennent à toute allure avec Baby Fiamma, âgée de deux jours et pesant 2, 6 g. Elle est affamée et pleine de vie, mais comme tous les bébés, elle est aussi très délicate. Quatre jours plus tard, voici que Fiamma fait la connaissance d’un grand frère, nommé Faivish. Tous deux s’entendent à merveille. Ces deux oisillons ne sont que le début d’une très longue suite. À partir de la mi-juin, téléphone et sonnette retentissent presque en permanence. Une découvreuse nous écrit que dans notre rue, il y a comme une colonne de fourmis armées d’un petit panier, d’une boîte ou d’un carton recouvert d’un linge, et se dirigeant vers notre clinique. Si, lisant ces lignes, le lecteur est enclin à sourire, pour nous, cela devient vite un cauchemar. Vingt, trente arrivées par jour – à ce rythme-là, on ne va pas tenir ou alors, il va falloir suspendre les accueils. Les caisses se remplissent d’oisillons à toute allure. Comme l’année dernière, beaucoup de ces bébés arrivent avec un bon embonpoint, mais ils sont encore bien jeunes et présentent une ou deux pattes blessées, car ils sont tombés du nid. Frères et sœurs, Banu et Balthasar sautent ensemble dans le vide par une journée torride à Mörfelden-Walldorf, non loin de Francfort. Balthasar fait une mauvaise chute et se retrouve avec une patte cassée et l’autre, déboitée. Banu souffre également d’une fracture à la patte. L’opération a lieu dans la nuit, un enclouage intramédullaire est effectué, puis des bandages de soutien sont posés. Balthasar ne doit absolument pas bouger, il faut qu’il reste dans son nid. Mais allez donc expliquer cela à un martinet juvénile affamé ! Pendant dix longs jours, il est condamné à l’inaction, puis à partir du onzième, il est enfin autorisé à grimper, recevoir des grillons supplémentaires, bécoter son frère et se faire bécoter, faire sa toilette et tout ce qui contribue à rendre un jeune martinet heureux. Peu à peu, les deux frères deviennent de beaux adolescents pleins de vitalité. Plusieurs juvéniles commencent à atteindre l’âge d’envol, mais ils sont obligés de patienter dans nos locaux, car le temps s’est mis à la pluie. Ils s’empilent donc jusqu’à ce que le beau temps revienne et que nous puissions effectuer nos premiers relâchers de juvéniles.

 

La pluie nous apporte de nouvelles arrivées – il s’agit cette fois de jeunes sous-alimentés et presque morts de faim, comme Lionel, trouvé à Francfort avec un poids de seulement 19,6 g. Ghost, Shadow, Hope – ces noms laissent deviner que ceux qui les portent sont plus morts que vifs. Leur état requiert des soins intensifs permanents, en plus de nos journées de folie ! Nous devons gérer le record jamais atteint de 350 martinets en même temps. Désespérés, nous nous résolvons à suspendre provisoirement les accueils et à couper le téléphone. Nous ne répondons aux questions que par mail. Malgré tout, les jeunes martinets continuent d’affluer: toute personne se présentant à notre à porte est accueillie, mais notre désespoir atteint des sommets.

 


Les uns sont des patients en soins intensifs, les autres, d’innombrables bébés et adolescents bien vifs, mais encore trop jeunes pour être relâchés. Pas moins de cinq kilos de grillons disparaissent quotidiennement dans les becs jamais rassasiés! Nos stocks fondent comme neige au soleil et nos finances, encore plus vite. Une cagnotte est lancée sur PayPal accompagnée d’un appel d’urgence aux dons; cela nous soulage un peu, mais avec un nombre aussi insensé d’oiseaux, la situation reste critique.

 

Lorsque, mi-juillet, ont lieu les premiers relâchers de masse composés de jeunes bien nourris et en pleine forme, nous respirons un peu, mais les patients qui restent sont de plus en plus difficiles et compliqués à soigner. Pour couronner le tout, nous devons faire face à une nouvelle vague de juvéniles en âge de voler, mais en état de dénutrition avancée. Ils sont victimes des caprices de la météo ou ont été abandonnés par leurs parents. Les caisses se remplissent à nouveau, mais cette fois, avec les patients les plus difficiles qu’on puisse imaginer. Karlsson, Aislinn, Bela, Myrine, Kajus, Mirdin et beaucoup d’autres, tous âgés de 42 jours et ne pesant qu’entre 21 et 25 g. Ils recrachent les grillons, font du raffut et veulent partir. Bref, ils nous mènent la vie dure. On ne peut donc pas parler d’une amélioration de la situation. Une nuit, on s’endort dans la cuisine et on est réveillé en sursaut à 4 heures du matin par des policiers munis de lampes de poche et qui exigent haut et fort qu’on leur ouvre. Ils ont un immense carton et à l’intérieur, un jeune martinet à moitié mort de faim et en état d’hypothermie. Nous le baptisons Serpico. Parmi toutes ces jeunes victimes de la pluie dont l’état de dénutrition est avancé, certaines ne pourront pas reprendre leur envol cette année. Il y en a, trop affaiblies, qui meurent. Beaucoup d’entre elles développent de graves lésions du plumage en raison du manque extrême de protéines. Elles auront besoin d’un important travail de rénovation. D’autres, moins sévèrement touchées, sont greffées directement et relâchées, pour certaines en septembre, et depuis Francfort. Quelques-unes partent lors du premier transfert vers les Canaries qui a lieu début novembre. Nous recevons de temps à autres des bébés tardifs, comme Tintagel, Emmeline et Venyamin ; les premiers martinets en provenance d’autres centres de soins arrivent, ainsi que quelques oiseaux de particuliers, dont « Sous-marin », baptisé ainsi, car on le voit surgir là où ne s’attend pas. Nous gardons un souvenir particulièrement vif de Cosima, originaire de Cologne et affectueusement surnommée Coco. C’est un centre de soins partenaire qui nous la signale fin août. D’après eux, son plumage serait enduit d’une substance graisseuse, peut-être de l’huile. À son arrivée, elle dégage une odeur prononcée de rance. Ses plumes sont certes collées, mais la substance sent la noix de coco! Nous creusons la question et découvrons que le découvreur de Cosima, voulant la traiter contre les parasites, a utilisé « une méthode tout à fait naturelle », à savoir que ce bon monsieur a enduit les plumes de l’oiseau avec de la graisse de coco! Garantie non toxique. Mais garantie fatale pour le plumage d’un martinet. Cosima est « dégraissée », rincée, séchée, puis rincée à nouveau. Son plumage redevient ce qu’il était, aucun dommage n’est constaté, seule l’odeur persiste et ce, fort longtemps. Cosima est un  martinet ravissant et sociable. Et très heureux, lorsqu’ Itasha, qui a le même âge qu’elle, vient partager sa caisse. Tous deux aiment se faire des câlins, se prélasser en haut de leur nid et suivre ce qui se passe autour d’eux. Je parie qu’ils se moquent de nous! Puis Cosima atteint l’âge de voler, et c’en est fini de la douce paresse. Elle n’a plus qu’une chose en tête: partir! Elle nous offre un magnifique spectacle lors de son relâcher, comme pour nous remercier. Itasha la suit quelques jours plus tard.

 

L’histoire de Guisguey est poignante. Cet oiseau nicheur s’emmêle dans un fil à l’intérieur de son nid. Cela est malheureusement très fréquent. En s’envolant, le fil se resserre autour de son pied et de son aile et il se retrouve tête en bas à pendre depuis le toit. Il reste ainsi une journée entière à lutter pour rester en vie. Lorsque le propriétaire de la maison le découvre, il met en place une belle action de sauvetage avec les pompiers. L’oiseau est récupéré, mais il est blessé, en état de choc et son état est critique. Malgré la longueur trajet, son découvreur l’amène jusqu’à Francfort. Guisguey est pris en charge de toute urgence et bénéficie de soins intensifs. Malgré cela, on sent, dès le lendemain, qu’il n’a plus la volonté de vivre. Il est de plus en plus apathique et de plus en plus faible. Il s’éteint sous nos yeux et je finis par l’aider à rejoindre le paradis des animaux. Soudain, un appel! C’est le découvreur de Guisguey. Il vient de trouver au pied du nid un martinet juvénile. Il se remet en route…Je prends le bébé de Guisguey dans mes mains et me place devant son parent mort qui repose dans une coupelle , sur un petit linge douillet. Quel moment émouvant! Je promets à Guisguey que son petit vivra! Guisguey junior, qui est encore dans nos locaux, est devenu un grand et bel oiseau. Malheureusement, il présente des lésions du plumage et attend les retouches nécessaires.

 

Perdita, quant à elle, nous offre une belle surprise! Elle est âgée de 14 jours lorsqu’elle nous est confiée. Elle se tient d’une manière non physiologique. Dès le premier regard, on voit que ses ailes ont été endommagées lors de sa chute du nid; toutefois, elle est tellement jeune que rien n’est encore sûr. Alors on attend. Dans notre clinique, chaque martinet a une chance, du moins nous lui laissons la chance de passer une enfance insouciante, avec de la bonne nourriture, de la compagnie et des amis. Perdita nous fait craquer. Toujours de bonne humeur, très gourmande et curieuse de tout. Elle atteint l’âge d’envol, et le moment décisif arrive. Nous l’emmenons dans la salle de rééducation. L’espoir qu’elle puisse voler, au mépris de tous les Cassandre, n’a jamais été aussi fort. Croisons les doigts, croisons les doigts, croisons les doigts… Un bruissement d’ailes et des appels encourageants se font entendre. La rééducatrice revient dans l’animalerie, le visage radieux. Elle lève le pouce pour signifier que tout va bien. Perdita vole à la perfection et le 8 août, elle effectue un magnifique départ!

 

Tandis que les bébés de la saison 2023 grandissent et prennent leur envol, que des adultes trop maigres ou empêtrés dans des fils remontent la pente, suivent des séances de rééducation, puis sont relâchés, les oiseaux de l’année passée, dont le plumage catastrophique est en cours de mue, doivent vivre un second été en captivité. Pour passer le temps, certains s’adonnent à une étude: celle de l’être humain et de ses drôles d’habitudes; les martinets savent bien qui est qui et ils sont capables d’associer les personnes à telle ou telle activité. Ainsi, certains partent vite se cacher dès qu’ils aperçoivent la personne chargée de leur donner leur douche hebdomadaire. D’autres, portés sur les expériences, essaient de voir jusqu’où ils peuvent manipuler certaines personnes par leurs regards et leur comportement. D’autres encore découvrent les joies d’un flirt ou d’un compagnonnage et ils font la cour à l’être choisi d’une manière sonore, vraiment pénétrante!

 

Et d’autres s’adonnent au remplissage d’estomac. Manger pendant et surtout, entre les repas, constitue pour eux un passe-temps. Les martinets qui prennent les grillons à la main, tout en menant leur soigneur à la baguette par leurs seuls regards, sont qualifiés de « Raptors ». Anshel, Ariol et le bon vivant Hardy se voient décerner ce surnom et font de l’ombre à tous les raptors de Jurassic Park.

 

Et il y a aussi Julyan. L’un des chapitres de son histoire nous laisse bouche bée. Cet oiseau est un juvénile de l’année passée. Il a développé une relation particulière avec l’un de nos soigneurs. Un matin d’été, le 14 août précisément, il nous fait une surprise: il y a un œuf dans son nid! Un martinet âgé d’un an a pondu! Son conjoint Idris était au courant et il n’est pas autant scié que nous. Le 16 et le 19 août, deux autres œufs sont pondus. Pas pour être couvés, ça non. Mais pour un tout autre type d’activité: jouer avec, les faire rouler, marcher dessus, les pousser, les cacher… Les œufs résistent dix jours à un tel traitement, puis ils se cassent. Ça ne fait rien, pendant ces dix jours, qu’est-ce qu’on s’est amusé! Julyan se concentre donc à nouveau sur sa mue et sur l’obtention de grillons supplémentaires. Si tout va bien, il - elle! - fera partie du prochain transfert vers le sud.

 

Huit cent soixante martinets, cela signifie huit cent soixante destins, huit cent soixante histoires avec une fin heureuse ou malheureuse. Parmi ces très nombreux martinets noirs figurent six alpins : Plesia et Ulysse, des Français de l’année dernière, qui se sont mis en couple chez nous et dont la mue est bientôt terminée, Hera, un adulte originaire de Lahr (Bade-Wurtemberg). Il y a également le juvénile Laurelin, qui est prêt pour le prochain transfert. Quant à Malika, elle n’a pas terminé sa convalescence et doit encore patienter dans nos locaux. Et pour terminer, il y a cet alpin adulte qui -incroyable, mais vrai ! - a été trouvé à Offenburg le 6 décembre à bout de forces et presque mort de faim. Il devait faire partie d’un groupe vu mi-novembre dans la région de Fribourg-en-Brisgau et qui se serait perdu. Cet oiseau de la Saint-Nicolas est vraisemblablement le seul survivant. Nous espérons vivement qu’après sa guérison, il bénéficiera d’une nouvelle chance, à savoir d’un relâcher depuis les Canaries.

 

En 2023, ce ne sont pas moins de 541 martinets qui ont pu être relâchés. Si tout se passe bien, quinze autres retrouveront la liberté avant Noël. 2023, l’année des superlatifs. Jamais nous n’avons eu plus de huit cents oiseaux dans une saison, jamais nous n’avons passé plus de 5 kilos d’insectes par jour, jamais non plus nous n’avons eu trois cent cinquante martinets en même temps pendant dix jours. Et malheureusement, le nombre de martinets souffrant de lésions du plumage bat lui aussi des records. Un grand nombre, un très grand nombre d’entre eux sont encore dans nos locaux et attendent les retouches nécessaires. Au total, nous avons actuellement cent six martinets noirs et six alpins, et quatre-vingts autres sont dans l’attente d’un transfert chez nous depuis divers centres de soins. Pouvoir donner au plus grand nombre possible de ces oiseaux une chance de retour à la nature nous tient vraiment à cœur. Tout aussi importante est la préparation à la saison 2024. Le nombre d’oiseaux accueillis montre que pour les migrateurs au long cours comme les martinets, les problèmes sont de plus en nombreux: le climat, la météo, la quantité d’insectes à disposition, mais aussi la raréfaction des sites de nidification, les prédateurs. Et malheureusement, ces problèmes se répercutent aussi sur nos finances. Les coûts ont énormément augmenté. « Reconnue d’utilité publique » ne signifie pas, pour notre association, que nous sommes soutenus financièrement par l’Etat. Pour rentrer dans nos frais, nous dépendons des dons et des adhésions. Ce n’est que grâce à votre aide que nous sommes en mesure de prendre en charge autant d’oiseaux. Continuez à nous soutenir! Nous remercions chaque donateur, quel que soit le montant de son don. Et nous adressons nos plus vifs remerciements à la fondation Pro Artenvielfalt, qui nous soutient depuis plusieurs décennies et sans laquelle notre travail ne serait pas possible. Un grand merci également à la fondation Hessischer Tierschutz, qui nous a apporté une aide substantielle durant cette année.

 

Il ne nous reste plus qu’à vous souhaiter, au terme de ces longues pages, de très bonnes fêtes et une belle année 2024. Surtout, ne nous oubliez pas!

 

Bien chaleureusement,

Docteur Christiane Haupt, les membres du conseil d’administration et l’équipe de la clinique

Buchenstraße 9
D-65933 Frankfurt

Tel.:+49(69)35 35 15 04
Nous ne prenons en charge que les martinets! Pour les autres espèces, veuillez vous adresser aux centres de soins des différentes régions:
http://ufcs.fr/
 
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